EMILIE LALOUX

Mon premier grand voyage a été la découverte de la côte ouest des États-Unis. J’ai été fascinée par les vastes paysages de cette région : des décors de Far West qui semblaient tout droit sortis d’un film. Mais ce qui m’a profondément marquée, c’était ce sentiment d’exploration : suivre des routes sans savoir où elles mèneraient, s’abandonner à l’inconnu. Cette exaltation a laissé une empreinte indélébile en moi, éveillant une passion qui ne m’a jamais quittée. 

Petite, je rêvais de travailler pour le Guide du Routard, de parcourir le monde à la recherche de bonnes adresses et de lieux insolites. Ce rêve s’est concrétisé d’une manière différente, mais tout aussi enrichissante, dans mon métier de Travel designer. Aujourd’hui, je vis ce bonheur au quotidien, en concevant des voyages uniques pour nos clients.

L’un de mes souvenirs les plus précieux reste l’ascension du volcan Bromo, sur l’île de Java en Indonésie, avec ma famille. Ce jour-là, le volcan était en activité, expulsant des volutes de soufre qui rendaient l’effort encore plus intense. Après une montée exigeante, l’aube nous a offert une récompense inoubliable : un lever de soleil spectaculaire, baignant les paysages volcaniques dans des teintes magiques. 

L’émotion de partager ce moment avec mes enfants, encore si jeunes à l’époque, reste gravée en moi. Le bruit sourd du volcan actif sous nos pieds, la beauté irréelle du paysage… Nous étions en totale symbiose avec les forces de la nature. C’était une expérience à la fois puissante et intime, un moment qui symbolise tout ce que le voyage peut offrir.

Mon rêve ultime serait de partir pour un voyage au long cours en famille, autour du globe. L’idée de s’extraire du quotidien, de suspendre le temps pour explorer, apprendre et redécouvrir ceux qui nous entourent me fascine. Un voyage lent, sans contrainte de timing ni d’itinéraire rigide : rester dans un lieu aussi longtemps qu’il nous émerveille, partir ailleurs quand l’envie se fait sentir. Ce serait une véritable parenthèse, où le luxe réside dans la liberté absolue. Avec trois enfants, mon quotidien est rythmé par l’organisation et les échéances. Peut-être qu’un jour, je m’accorderai ce luxe ultime : celui de voyager sans horloge, simplement pour profiter de chaque instant.

L’Odyssée d’Hakim de Fabien Toulmé m’a particulièrement touchée. Ce roman graphique raconte un voyage bien différent de celui que nous imaginons souvent : celui d’un réfugié, contraint de tout quitter. Il nous rappelle que le mot « voyage » peut revêtir des significations profondes et douloureuses. Ce livre est une invitation à comprendre l’autre et à regarder le monde avec plus d’empathie. N’est-ce pas, finalement, l’essence même du voyage ?

Pour moi, voyager, c’est accepter d’être bousculée, de voir mes certitudes s’effondrer. J’aime ces destinations qui bouleversent : l’Iran, la Chine, l’Inde ou le Japon. Ces pays, si éloignés de nos repères, m’obligent à revoir ma vision du monde, à déconstruire mes idées reçues au fil des découvertes. 

J’éprouve également une fascination pour les sites archéologiques : Petra, Hampi, le Machu Picchu… Ces lieux témoignent de la grandeur des civilisations passées. M’y retrouver m’émeut profondément et réveille en moi cette curiosité pour l’histoire et l’anthropologie qui m’a guidée dans mes études. C’est comme un voyage dans le temps, un lien direct avec la richesse des peuples disparus.